Résumé: Ce projet évalue les pratiques courantes de production des fraises et leurs effets sur la qualité des eaux et du sol et de l'état nutritionnel de la plante. Les pratiques courantes ont été obtenues à partir d'un questionnaire aux producteurs alors que des détails sur le niveau des éléments nutritifs dans le sol et dans les fraisiers ont été collectés de 36 champs répartis à travers la province. Le risque sur la qualité des eaux a été évalué en analysant les eaux de drainage de trois champs de fraises depuis la mi-août jusqu'au début de décembre 2003 pour leurs teneurs en nitrates et autres ions dissous. La plupart des producteurs fertilisent leurs champs sans analyse préalable du sol. Les producteurs rapportent des rendements en fruits variant de moins de 1000 à 15000 lb/a. Les fraises sont principalement cultivées sur des sols variant de sable loameux à loam sableux avec des pH variant de 4.6 à 7.2, un taux de matière organique variant de 1.5 à 7.4% et une CEC variant de 4.6 à 26.8 méq /100g de sol. Le phosphore disponible du sol varie de 46 à >1000 ppm, le potassium de 51 à 551 ppm, le calcium de 360 à 3938 et le magnésium de 14 à 386 ppm. Un nombre important de champs (25%) étaient saturés en phosphore (le 3ième percentile était à 21.5% de saturation de P). Les teneurs de N, P, K, Ca, Mg et B dans les feuilles étaient = aux standards à la floraison alors que les autres micro-éléments étaient à ces mêmes standards. L'analyse en composantes principales des contenus des éléments nutritifs dans les feuilles a montré que le calcium expliquait mieux la variabilité des niveaux nutritionnels des champs de fraises. Aucune corrélation significative n'a été trouvée entre le niveau d'un élément dans le sol et celui du même élément dans les feuilles. De plus, l'analyse de la corrélation canonique reliant la qualité du sol (ensemble des paramètres mesurés) aux niveaux de l'ensemble des éléments nutritifs dans les feuilles a montré que le niveau de fertilité du sol expliquait seulement 30% de la variabilité dans l'état nutritionnel des fraisiers. En conséquence, la fertilisation n'est pas le seul facteur nécessitant l'amélioration pour l'accroissement de la productivité des champs de fraises étudiés. Les eaux de drainage contenaient des niveaux de nitrates supérieurs aux limites acceptables de la qualité de l'eau (10 mg NO₃-N L^-1) dans 4 échantillonnages sur 9. Les ions orthophosphates ont varié de 0.01 à 0.08 mg L^-1. Ainsi, les pratiques courantes de fertilisation du fraisier pourraient représenter des risques accrus de pollution des eaux. Les résultats de cette étude semblaient confirmer le besoin d'une meilleure gestion des nutriments dans la production de fraises.